Les heures perdues » documentaire http://www.lesheuresperdues.fr site de critique culturelle Thu, 01 Oct 2015 16:31:52 +0000 fr-FR hourly 1 http://wordpress.org/?v=4.3.1 Amy, Asif Kapadia http://www.lesheuresperdues.fr/amy-asif-kapadia/ http://www.lesheuresperdues.fr/amy-asif-kapadia/#comments Sun, 05 Jul 2015 14:59:30 +0000 http://www.lesheuresperdues.fr/?p=2140

Asif Kapadia a voulu faire « un film honnête et respectueux envers Amy ». Il a fait mieux. Présenté à Cannes hors compétition, le film retrace la vie d’Amy Winehouse, de son adolescence dans la banlieue nord de Londres à sa mort le 21 Juillet 2011. Le titre original « The girl behind the name » définit clairement les intentions […]

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Asif Kapadia a voulu faire « un film honnête et respectueux envers Amy ». Il a fait mieux. Présenté à Cannes hors compétition, le film retrace la vie d’Amy Winehouse, de son adolescence dans la banlieue nord de Londres à sa mort le 21 Juillet 2011. Le titre original « The girl behind the name » définit clairement les intentions du réalisateur : raconter la jeune fille qui se cache derrière l’icône. Il en résulte un voyage bouleversant au cœur d’une existence hors norme. Superbe.

 Dotée d’un talent unique au sein de sa génération, Amy Winehouse capte immédiatement l’attention du monde entier. Authentique artiste jazz, elle sublime ses failles personnelles grâce à ses dons de composition et d’interprétation. Cependant, l’équilibre est fragile : l’attention permanente des médias et une vie personnelle très tourmentée la conduisent aux pires excès. Elle accède bientôt au « club des 27 » en rejoignant toutes ces figures de la musique mortes à 27 ans, Jimi Hendrix, Janis Joplin ou encore Jim Morrison.

Le documentaire d’Asif Kapadia est d’une efficacité redoutable : à chaque instant, le spectateur se tient sur un fil entre émotion et distance. Les premières images du film pouvaient laisser penser que le réalisateur allait céder à la facilité : des vidéos amateurs nous projettent dans la maison, la chambre de l’adolescence, elles nous invitent aux anniversaires et aux réunions de famille. Ces instants volés avec une petite caméra grand public du milieu des années 90 pourraient être les nôtres, l’identification est aisée. Pour autant, le réalisateur ne sombre jamais dans le pathos. Le film est rythmé par de nombreux témoignages des proches d’Amy Winehouse, la plupart ont été enregistrés dans le cadre de la préparation du documentaire, et donc, après le décès de la chanteuse. Même si les voix sont lourdes, elles ne sont jamais larmoyantes. Les choix de montage du talentueux Chris King sont toujours pertinents.

Toujours sur un fil, le réalisateur nous projette au plus près de l’expérience émotionnelle d’Amy, on vit, on respire à ses côtés. La forme du documentaire épouse les soubresauts d’une existence chaotique. Pas de flashback ou de flashforward, le récit est rigoureusement linéaire. On consacre de longues minutes à ses problèmes d’addiction. Mais la fin de sa vie est traitée en un éclair, comme pour appuyer la brutalité de sa disparition. Asif Kapadia transforme le dénouement en un coup de théâtre et l’histoire en tragédie.

Ce travail d’équilibriste est soutenu par un scénario habile : le réalisateur a en effet construit la colonne vertébrale de son film à partir des paroles des chansons écrites par Amy Winehouse. Par le prisme de la musique, il a su pointer avec une très grande justesse les évènements clefs de la vie de la chanteuse, notamment sa rencontre avec Blake Fielder, personnage omniprésent qu’elle présente comme son âme sœur. Soyons clairs : la relation entre Amy W et Blake F est connue du grand public. La force du film n’est donc absolument pas de faire partager un scoop qui n’en est pas un. C’est dans la manière d’amener et de faire vivre cette relation au spectateur que le documentaire est touchant, car c’est Amy W qui a majoritairement la parole.

Et en effet, le caractère passionné de la chanteuse happe le spectateur jusqu’à la dernière seconde du film. Le réalisateur traite bien évidemment des multiples dérives toxicomanes du personnage. On comprend pourtant que ce n’est pas le cœur de son propos, car derrière la drogue et l’alcool, il y a avant tout, pour Amy W, la musique. Cette immense passion qui vit littéralement à l’intérieur du personnage. Viscérale, intouchable, d’une pureté quasi religieuse, la relation qu’entretient Amy W avec la musique impose autant le respect que l’admiration. Pour brosser le portrait de la chanteuse, le film s’attarde moins sur ses performances hors du commun que sur l’amour inconditionnel qu’elle porte à son art. On saisira l’essentiel de ce documentaire magnifique si l’on comprend qu’Amy W aura aimé la musique plus que sa propre vie.

Date de sortie: 8 Juillet 2015.

Réalisé par: Asif Kapadia.

Avec: Amy Winehouse, Mark Ronson, Tony Bennett.

Durée: 2h07.

Pays de production: Etats-Unis.

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